Sobriquets de personnes

Quelques sobriquets pataras

Pour différencier deux mêmes noms chrétiens, Jean ou Marie, par exemple, il a fallu ajouter quelque chose : le nom du père, un nom de lignée patrilinéaire, ou plutôt, souvent, un simple qualificatif. Ainsi dès la fin du moyen-âge a-t-on créé les « noms de famille », ainsi a-t-on construit une anthroponymie à double détente : prénom et nom.
Les anglais, d’ailleurs ne s’y trompent pas. Ils appellent bien notre prénom first name. Contrairement à l’insupportable usage administratif français, qui inverse.

Dans les village la pratique de forger des noms est demeurée vivante. Elle avait son utilité quand y coexistaient des homonymes, père et fils, ou simples lointains cousins. On forgeait alors un sobriquet. On les forgeait aussi pour le plaisir.
Voici quelques sobriquets de Pataras, relevés par Jean Bart, qui les classe selon les types de procédés mis en œuvres :

« Clément-Janin, auteur des Sobriquets des villes et villages de Côte-d’Or, fait remonter l’usage des sobriquets au XIIIe siècle. D’après lui, les Bourguignons se montrèrent très forts dans ce nouveau genre, et la petite bourgade « de lai joyeuse Coote » eut son surnom, tout aussi bien que la capitale des ducs, qui, elle, comme il se doit, avait un sobriquet, au moins, par paroisse.
« Si ces « joyeusetés » ont été de plus en plus délaissées – et c’est dommage – il est, à Marsannay, des sobriquets qui subsistaient encore ces années dernières. Certains sont des dérivés du nom, voire du prénom, ou même de prénoms d’un aïeul qui sont devenus des patronymes, (par exemple : Vincent ; on dit encore : « l’Eugène du Pierre Vincent »). Il en est d’autres qui tiennent aux métiers. Bien sûr, il yen a aussi qui raillent, soit la petite taille d’une personne, soit son caractère. Ils avaient en tout cas une grande utilité car ils permettaient de différencier les branches d’une même famille, ou les familles portant le même nom, comme il en existe encore beaucoup aujourd’hui dans le village. Voici quelques surnoms qui étaient encore en usage dans la première moitié de ce siècle :
« Sobriquets dérivés des prénoms actuels ou anciens : Benjamin – Colas (Nicolas) – Grospierre – Gogotte (Marguerite) – Nannan (Ferdinand) – Totonne (Antoine) –Vincent – Petitclaude.
« Sobriquets dérivés de noms de métiers : Picier (épicier) – Pompier.
« Sobriquets humoristiques : Boboche (avait la bouche légèrement tordue) – Co d’fesse (court de fesse = petit) – Curon (cul rond = gros) – Radis (petit).
« Sobriquets divers d’origine indéterminée : Babino – Barra – Bine – Bredillé – Bleu – Barricade – Cadet vieux – Greco – Caimu – Christ – Chambro – Cassis – Donus – Flore – Farceur – Gaçon – Nantais – Pointu – Pée – Polka – Pimpin –Tamadel – Tâti.
« Citons enfin : Grenand (famille qui venait de Grenand) – Quat’dieu (juron) –Chinois (avait fait l’expédition de Chine) – Taïti (avait été soldat à Taïti). »
É. Jean Bart, Vieux souvenirs d’un village de la Côte…