La maison des Cras

Un habitat vigneron atypique.

Le bâtiment des Cras est un habitat collectif, davantage qu’une maison individuelle. Outre les propriétaires, il accueillait d’autres familles, ouvriers viticoles ou locataires. Le recensement de 1911 y dénombre 21 habitants répartis en 6 feux.

Le bâtiment, qui s’allonge du nord au sud, est constitué d’un corps principal sur deux niveaux plus les combles,  et de deux adjonctions sans combles aux deux extrémités nord et  sud. Il est distribué par une entrée et un escalier central, et par deux autres entrées et escaliers aux extrémités nord et sud. Deux hautes cheminées surmontant des murs de refend dépassent de beaucoup le toit bourguignon pentu et se voient de loin en arrivant de Couchey.

Imposte de la porte centrale
Imposte de la porte centrale
Imposte de la porte sud
Imposte de la porte sud

La porte centrale ouest et la porte sud comportent des impostes avec une décoration de type maçonnique. Sur l’imposte de la porte centrale : l’équerre et le compas. Sur l’imposte de la porte sud : le delta lumineux comportant en son centre, en lieu et place du tétragramme, יהוה (YHWH), ou de l’œil,  la date de 1815. On peut supposer que c’est celle du bâtiment.

Une maquette originale en bois en a été retrouvée. Elle ne comporte pas les adjonctions nord et sud. On y remarque l’alignement des passages intérieurs et l’emplacement des huit foyers sur deux niveaux (quatre conduits par cheminée) disposés en quinconces.

Le bâtiment  été conçu sur une structure systématique que l’on ne retrouve pas ailleurs, dans l’habitat vigneron de la Côte. Chaque espace entre deux murs de refend a été divisé en deux pièces, séparées entre elles par une simple cloison de briques (absente de la maquette) avec une porte communiquante. La circulation se fait d’un bout à l’autre du bâtiment par des passages ménagés aux extrémités est et ouest de chaque mur de refend.

    

Au fil des temps, de nombreuses fenêtres ont été dotées d’une crémone. Quelques unes cependant ont conservé leur fermeture avec un battant de bois à pivot central. Dans une annexe, les battants sont montés sur trois axes.

    

La maison, bien entendu, ne disposait pas de l’eau courante. On tirait l’eau du puits. Au gré des occupations, certains passages entre deux parties étaient condamnés et transformés en placard doté d’un évier de pierre. Ou bien ces placards étaient dans l’épaisseur des murs de 60 cm. L’écoulement se faisait directement dehors.

    

Dans l’une des pièces du rez-de-chaussée, deux trous obturés par une grosse cheville de bois sont ménagés dans l’épaisseur de la voute de la cave (50 cm). Ils permettaient de faire passer des tuyaux.