Être en Patarou

Une expression que l’on rapproche du sobriquet des habitant  des Marsannay : les « Pataras ».

Voici quelques occurrences de « patarou » relevées dans divers ouvrages :

  • Patarou (être en) : être ahuri, être en préparatifs pressés et interminables. – Cette locution est fort usitée dans le Chatillonnais.
    Mignard, Histoire de l’Idiome Bourguignon et de sa littérature propre, ou Philologie comparée de cet idiome, Dijon, Lamarche et Drouelle, 1854,
  • Patarou (être en), express. du langage général, être inquiet, tourmenté, troublé, irrité, en colère ; se démener, s’agiter outre mesure : Son chien i’ ast pèdiu et le v’lai en patarou. I’ sont bin en patarou, i’s n’ont pas ‘n’ jarbe de rentrée, et v’lai ‘n’ nuée du diâbe qui se prépare !
    Alphonse Baudouin, Glossaire du patois de la forêt de Clairvaux, Troyes, Lacroix, 1887.
  • Pataroux (être en). – Être en colère, dans tous ses états, être très ému. –« Ce n’est pas la peine de vous mettre en pataroux pour quelques mots lancés en l’air ! » Étym. mot né d’une exclamation comme patapouf, patatras, patati, patata, etc.
    Paul Cunisset-Carnot, Vocables dijonnais, Paris, E. Kolb / Dijon, Armand, 1889.
  • Être en patarou. C’est un peu partout qu’on entend en patarouavec des sens très légèrement différents ; dans les environs de Dijon, l’expression signifie surtout « être dans la fièvre des préparatifs » : Madame est en patarou : elle marie sa fille samedi ; ça et là, nous pouvons noter le sens de « être très agité ».
    Pour l’étymologie de la forme, il faut voir une racine expressive « patt’ » qui s’inscrit dans une longue série de mots […]
    Les habitants de Marsannay-la-Côte, petit voillage du sud de Dijon, célèbre par son vin rosé, sont appelés Les Pataras, sans doute à cause de leur caractère actif ; il faut bien sûr voir dans ce sobriquet collectif la même racine que dans patarou.
    Gérard Taverdet, Françoise Dumas, Anthologie des expressions de Bourgogne, Paris, Rivages, 1984.
  • Patarou(f)  n. m. Excitation, colère à la suite d’une surprise désagréable : Il y avait, ma foi, de quoi rire à voir le patarou de la mère (Henri Bouchot, « Rosa la rose », Les Gaudes, juillet 1905, p. 5.) Elle voyait ce jour arriver sans auterment se mettre en patarou(Idem, « L’Allée des noyers », Les Gaudes, 16 octobre 1903, p. 8.) • Être en patarouf, être surexcité, bouleversé.
    Étym. de patt-, patte, selon le FEW [Franzosisches Etymologisches Wörterbuch deWalter von Warburg], qui donne pour patarou les sens d’« embarras, remue-ménage, effroi ». Cf. Charles Beauquier, Blason populaire de Franche-Comté, Paris, 1897. Cf. René Dromard, Comtoiseries sages ou légères, Besançon, 1999.
    Les Comtophiles, sous la dir. de Jean-Paul Colin, Trésor des parlers comtois, Besançon, Cêtre, 2009.
  • Se mettre en patara  : se mettre dans tous ses états. Utilisé dans ma famille, en Dauphiné (ChB)

Pour la racine patt’, voici une partie du texte du Warburg :

  • Patte, XIIIe. Aussi esp. pata. L’a. fr. disait de préférence poe ; cf. aussi a. pr. pauta, encore vivant dans les parlers méridionaux, cat. pota. Même mot que l’all. Pfote (all. rhénan pote). Attesté par le nom propre Pauto, très fréquent à l’époque gallo-romaine dans la région de Trèves. Inconnu en Gaul., le mot appartient très probabl. à une couche préceltique (illyrienne) ; il a passé au parler des Francs et a été apporté par eux en Gaule. Le mot patte et la famille qui se groupe autour sont sans doute dus à une onomatopée, fréquente aussi dans les autres langues romanes pour rendre le bruit que font deux objets qui se heurtent dans toute leur largeur, comp. corse patone « giffle ». L’onomatoopée est  toujours sesible ddans beaucoup de mots de cette famille, comme patouiller [.…]