Murger

La Côte Bourguignonne est sillonnées de murets de pierres sèches formant des soutènements ou des clos. Un paysage de bocage sans haies vertes !

Des constructions à multiple fonctions

En Côte d’Or, les murgers sont liés à la viticulture. Ils proviennent du défrichage de terrains argilo-calcaires souvent très pierreux. En alignant et en entassant les pierres prélevée dans un champ, selon la technique du muret de pierre sèche, on faisait d’une pierre deux coups ! On rendait cultivable ledit champ et on le délimitait. La plupart des clos, qualificatif fréquent de certains grands domaines, encore aujourd’hui, sont nés de là.  (Le bordeaux a ses château, le bourgogne ses clos !)
Dans les zones les plus pentues, les murets horizontaux (nord-sud) permettaient d’étager les parcelles en autant de terrasses.

Un témoin archéologique

Les restes de murgers en terrasses se rencontrent maintenant dans les bois. Ils sont les témoins de l’extension maximale de la vigne avant que le phylloxéra ne la frappe à partir des années 1880.
La surface des vignes à Marsannay a ainsi changé : de 340 ha au XIXe siècle, elle tombe en 1943 à 126 ha. À Couchey, elle passe de 276 ha en 1870 à 87 ha, en 2000.

En longeant à travers bois le haut du vignoble de Marsannay, depuis le chemin du château d’eau jusqu’au départ de la route stratégique, on devine des restes de ces constructions, et particulièrement les restes de terrasses. Photographie ChB.

Origine du mot

Le patois meurgei ou murgei est passé dans le français régional et l’on appelle encore ces murets des murgers. Les spécialistes du patois bourguignon on repéré le mot gaulois *morga.

*Morga, « bord », «  limite  », se reconnaît dans la Meurge, à Sennevoy (89) ; Morgeot, à Chassagne-Montracher (21), à la démarcation entre pagus du Beaunois et pagus du Chalonnais ; Morgelle, à Sully (71), à la séparation entre pagus de l’Autunois et pagus du Beaunois ; Morgemain, à Corcelles-lès-Monts (21), près de la limite Éduens/Lingons ; La Margotterie, à La Celle-sur-Loire (58), à l’extrémité Éduens/Bituriges.
(cf. : Jacques Lacroix, « Les noms de lieux d’origine gauloise en Bourgogne », Pays de Bourgogne, n° 243, mars 2015.)

On a remarqué qu’en Savoie et Dauphiné neuf cours d’eau portaient le nom de «  Morge  » ou «  Morges  ». On considère qu’ils correspondent à d’anciennes frontières ou qu’ils marquent des subdivisions du territoire des Allobroges.
(cf. : Aimé Boquet, « Une nouvelle connaissance des Allobroges », Bulletin de la Société savoisienne d’histoire et d’archéologie, 2006.