Jules Georges Albert Fabry

Jules Georges Albert Fabry sergent au 35e Régiment d’infanterie, tué à l’ennemi le 25 août 1915 à Souain, dans la Marne.

Né le 20 avril 1882 à Hauteville dans l’Ain.
Contrôleur adjoint des contributions indirectes.
Fils de Sylvain Pascal et de Marie Anne Flacheron.
Classe 1902, matricule 455.
Rappelé le 2 août 1914. Sergent au 23e Régiment d’Infanterie.
Passé au 35e Régiment d’Infanterie le 23 septembre 1914.
Tué à l’ennemi le 25 octobre 1915 à Souain (Marne).

Décoration

Médaillé militaire par décret présidentiel du 25 septembre 1920. Croix de guerre avec étoile de bronze. «  Brave sous-officier a été mortellement frappé au cours des combats livrés en octobre 1915 en Champagne.  »

Historique

Source Gallica BNF

« Vers la mi-août, le régiment s’embarque à la Ferté-Milon pour aller en Champagne faire soutenir à l’ennemi le poids de ses armes. Pendant cinq semaines, les travaux d’approche entre le moulin de Souain et le bois D.E furent activement menés […]
C’était le 25 Septembre 1915. L’heure était enfin venue d’abandonner l’outil pour la baïonnette et la grenade ; le plus grand enthousiasme régnait dans la parallèle de départ. À 9 h tout le monde était en place, et notre artillerie donnait toujours. L’ennemi ayant remarqué de l’agitation dans la tranchée française ouvre alors un feu d’une extrême violence. Mais cela n’arrête pas l’élan et à 9 h 15, notre artillerie allonge son tir, nos compagnies sortent successivement de la tranchée et malgré les balles qui sifflent de tous côtés vont en courant à l’attaque. Le feu des mitrailleuses devient tellement violent que l’assaut parait un instant brisé et qu’une nouvelle préparation d’artillerie, est faite sur le bois D. E. où l’ennemi a des organisations défensives particulièrement puissantes. La canonnade terminée, le bois D. E. est enlevé et nous faisons 426 prisonniers. Malgré des pertes élevées, il faut aller de l’avant et alors on franchit la première position allemande pour aller d’un seul bond jusqu’au bois Frédéric II. La nuit suspend le mouvement en avant qui reprend le lendemain à 5 h 30. Les compagnies étaient très éprouvées, le Ier bataillon n’avait guère plus de 80 hommes. Pourtant, vers 9 h, on atteint les lisières nord du bois 28 et l’on est ainsi non loin de la tranchée des Tantes, dernière position de l’ennemi avant la rivière « La Py ». Dans l’après-midi, parvient l’ordre d’attaquer à 16 h cette tranchée. Après une demi-heure de préparation d’artillerie, les braves qui restent s’élancent résolument à l’assaut et parviennent à prendre pied dans la tranchée des Tantes. Le succès ne peut être complet ni la brèche élargie, faute de monde ; il faut se replier dans la nuit aux lisières du bois 28. Le 27, vers 16 h, on attaque de nouveau la tranchée des Tantes où l’on réussit à se maintenir. Toute la journée du 28, les Allemands attaquent, bombardent la poignée de braves qui occupent ainsi une portion de leurs lignes ; rien ne peut les en déloger. Dans la matinée du 29, nouvelle tentative, malgré la violence du bombardement pour élargir nos gains, mais les nôtres sont trop peu nombreux. L’intensité du feu ennemi est telle que notre ligne fléchit un instant. Le colonel Tesson sort alors de la tranchée des Tantes pour maintenir chacun à son poste, quand il est mortellement atteint par un obus. Jusqu’au soir les Allemands tirent sur les positions du 356 qui, dans la nuit du 29 au 30, est relevé par des chasseurs. Pendant ces cinq journées de combats ininterrompus où 800 adversaires furent capturés et plus de 4 kilomètres de terrain conquis, nombreux sont ceux qui, sans compter, abreuvèrent de leur sang cette terre aride de Champagne clairsemée de bosquets de sapins ou de maigres bouleaux. On trouvera plus loin tous ces noms qu’une belle citation a magnifiés : «  Sous le commandement du Colonel Tesson, le 35e R.I. s’est porté avec un élan magnifique à l’attaque de la première position allemande comprenant plusieurs lignes de tranchées qu’il a enlevées de la façon la plus brillante. Malgré des pertes élevées a poursuivi son offensive et a pénétré dans la deuxième position allemande devant laquelle son chef est tombé « mortellement frappé. S’est maintenu sur le terrain conquis malgré un feu des plus violents et des contre-attaques acharnées.  »
Réf. : Historique du 35e régiment d’infanterie, Belfort/mulhouse, Herbelin, 1920.


Entonnoir de mine  à Souain  dans la Marne
Goumis algériens dans les ruines de Souain, carte postale, impr. ? Nanterre, phot. express.
Cimetière national de Souain (44 000 tombes), carte postale.
Le théâtre des opérations (détail de la carte IGN)