Eugène Lambert

Disparu le 11 avril 1916 au Bois d’Avocourt.

Né le 13 septembre 1879 à Marsannay-la-Côte.
Profession  : messager.
Fils de Charles et d’Apolline Chartier.
Classe 1899, matricule 598, Dijon. Mobilisé le 2 août 1914.
Soldat au 27e Régiment d’Infanterie.
Versé au 227e Régiment d’infanterie.
Disparu le 11 avril 1916 au bois d’Avocourt.
Déclaré décédé à cette date le 18 mai 1920 par jugement du tribunal de Dijon.

Historique

Source : chtimiste.com

« Le 227e régiment d’infanterie est un régiment constitué en 1914. Il est issu du 27e régiment d’infanterie de ligne : à la mobilisation, chaque régiment d’active crée un régiment de réserve dont le numéro est le sien plus 200. Il est formé à Dijon.
Sa devise est «  Dur comme Cep  ».
1916 Bataille de Verdun  : Bois de Malancourt, ruisseau des Forges, bois d’Avocourt (mars), attaque du bois Carré d’Avocourt (avril).
Ce régiment embarque fin décembre 1916 à bord du «  Duc d’Aumale  » et du «  Chateaurenault  » pour Salonique. Il rejoint l’armée d’Orient. »

« Verdun. — Le 15 mars, le Régiment passe avec toute la division à la disposition de la 2e armée et se dirige par voie de terre sur Verdun et arrive à Dombasle-en-Argonne le 21 (lendemain de la prise du Bois d’Avocourt par les Allemands) […]
[…] Le 10 avril, le 227e reçoit un nouvel ordre d’attaque.
Les officiers procèdent à une reconnaissance rapide du terrain qu’ils auront à parcourir avec leurs unités avant d’aborder l’ennemi. Le 5e bataillon doit se masser à partir de 13 heures dans une tranchée de départ située à 300 mètres de la lisière sud du Bois Carré  ; le 6e bataillon et le peloton de sapeurs pionniers doivent occuper l’ouvrage des Rieux. Les deux compagnies de mitrailleuses du Régiment sont à la disposition du chef du 5e bataillon, la 2e compagnie de mitrailleuses de brigade est sous les ordres du 6e bataillon. La très grande visibilité et les vols fréquents des avions ennemis rendent presque impossible le placement de toutes les troupes sur les positions qui leur sont assignées. À 12 heures, commence le tir de réglage de nos pièces de gros calibre  ; à partir de 13h 30, celui d’efficacité. Nos premières compagnies se dirigent vers leurs objectifs quand, brusquement, arrive l’ordre que l’attaque, qui devait avoir lieu à 17 heures, est remise au lendemain matin et que tout le Régiment doit bivouaquer à la lisière nord-ouest du Bois d’Esnes, à proximité de la Coupure. Notre artillerie n’en continue pas moins à arroser jusqu’à 17 heures le Bois Carré, surtout sa lisière nord. Une inspection minutieuse du chargement de chaque homme et surtout des spécialistes, est passée dans chaque compagnie. Le moral de tous est au-dessus de tout éloge et provoque l’admiration des militaires des autres régiments, que le devoir appelle à proximité. Un brusque tir de barrage, suivi de quelques tirs systématiques, cause à 23 heures une vingtaine de victimes parmi les braves endormis sous leur toile de tente.
Le 11 avril 1916, les compagnies, dans le plus grand ordre et avec un calme parfait, vont, à partir de 3 heures, occuper leurs emplacements de départ et sont définitivement sur les positions qui leur sont assignées à 4 h. 3o. Vers 7 h. 45, un avion allemand survole nos lignes et aperçoit certainement le dispositif pris par le Régiment, car le temps est très clair. Il fait un signal  : trois coups de mitrailleuses tirés plusieurs fois à intervalles réguliers. Un tir de barrage extrêmement violent est immédiatement déclenché sur notre position.
Malgré les pertes très sensibles déjà subies, d’un seul élan, les deux bataillons sortent à l’heure fixée (8h 3o) et montent les pentes conduisant au Bois Carré.
Le mouvement est aperçu par les observateurs allemands du Bois Cheppy. Les tirs de barrage redoublent d’intensité à tel point qu’on peut croire qu’il est impossible aux hommes de progresser. Cependant, à droite, le bataillon Picard (5e bataillon), échappant aux vues directes de l’adversaire, prend pied dans le bois, malgré des pertes sensibles. Régulières, alignées, autant qu’il est possible, les vagues montent l’une derrière l’autre et bientôt disparaissent dans le bois. À gauche, le bataillon Huillet (61) sort également et monte dans un élan magnifique, lui aussi, vers la lisière qui lui sert d’objectif. Les deux compagnies de droite peuvent progresser avec la gauche du 5e, mais les deux unités de gauche sont fauchées par des feux très nourris de mitrailleuses provenant du Bois Cheppy et du Bois Carré.
À gauche, la première vague atteint la lisière du bois, mais les pertes subies sont telles qu’elle ne peut progresser. D’ailleurs, la tranchée ennemie est intacte, les réseaux de fils de fer sont suffisants pour arrêter tout élan, et, sous peine d’anéantissement complet, il devient inutile de chercher à gagner de l’avant.
À l’extrême droite, les 19e et 20e compagnies formant la première vague se heurtent aussi aux mitrailleuses allemandes intactes et sont accueillies par une fusillade nourrie et des jets de grenades. Les officiers lancent néanmoins leurs troupes, mais doivent s’arrêter bientôt en raison des pertes subies. Les hommes se jettent à plat ventre dans les trous d’obus, puis se mettent de suite en devoir de se creuser un abri momentané, malgré la fusillade intense.
Trois mitrailleuses sont immédiatement placées pour éviter un retour offensif par les hommes eux-mêmes, car les officiers mitrailleurs sont presque tous tués ou blessés. Le succès eût pu être plus complet avec une plus grande préparation d’artillerie  ; on a trouvé une organisation ennemie intacte, mais, ce que l’on ne pourra jamais dire assez haut, c’est l’héroïsme et le mépris de la mort que les hommes du 227e ont montrés pendant cette journée et qui ont fait l’admiration de tous ceux qui ont assisté à cette scène. Officiers, sous-officiers et soldats sont partis d’un élan sublime (il faudrait les nommer tous) et, malgré les pertes énormes éprouvées, leur moral est resté magnifique. Ils ont, pendant toute la fin de cette journée et la nuit, travaillé sous une pluie d’obus et ont rivalisé de courage et d’abnégation, attendant et repoussant avec calme les contre-attaques de l’ennemi.
À la suite de cette attaque, le colonel de Lagger, commandant la brigade, qui n’avait pas cru possible, en raison de l’intensité du barrage, que le Régiment puisse progresser, et frappé d’admiration, propose le 227e pour une citation à l’ordre de l’armée avec une lettre admirable, où le plus bel éloge venait d’un simple maréchal des logis d’artillerie disant  : « On me donnerait 10.000 francs pour me forcer à oublier ce que j’ai vu de l’héroïque conduite du 227e, le 11 avril, que je renoncerais tout de suite à cet argent. »  »
Réf. : Historique du 227e régiment d’infanterie. 1914-1918, Dijon, impr. R. de Thorey, 1920.

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Détail de la carte IGN à l’est de l’Argonne.
Détail de la carte IGN autour d’Avocourt : Le Bois d’Esnes est au sud-est, le Bois de Cheppy à l’ouest. Le Bois Carré n’est pas mentionné.